Ma principale inspiration réside bien entendu dans les personnes pour qui je crée mes créations : les bébés et les enfants. Je porte une grande attention à leurs mouvements. Dans la rue, au parc, dans la cours de récréation, ils ne se contentent pas uniquement de marcher : ils sautillent, avancent à cloche-pied, courent aussi vite que le vent, tournent sur eux-mêmes, frappent dans leurs mains, s’inventent des histoires et partent à l’aventure. Il est donc primordial de penser mes créations de manière à ce que vos bambins continuent à découvrir le monde sans se sentir contraints par leurs vêtements.
Outre mon quotidien, la nature et les saisons, les années 1920 et le Japon restent mes plus grandes sources d’inspiration. Deux modes qui semblent aux antipodes. Or, la mode japonaise a eu un grand impact sur la mode européenne des années 1920.
Étrangement, l’histoire entrelacée de la mode française des année 1920 et du kimono a commencé à Lyon, ville où je vis actuellement. A l’époque, porté par le japonisme, les Françaises tombent amoureuses de ce kimono venant du bout du monde, alliant beauté, exotisme et décontraction, et qu’elles portaient chez elles pour se détendre. Par extension, cette tendance à l’exotisme se retrouvera aussi dans les motifs utilisés par les soieries lyonnaises. Comme quoi, tout est lié, n’est-ce pas?
Le Japon
De par l’histoire de ma famille, je ne pouvais qu’être influencée par le Japon et sa culture. Les lignes épurées, les formes amples et la sobriété sont le maître mot de la mode féminine, et ce depuis des siècles. Contrairement à la mode européenne dont les vêtements suivent les courbes du corps, le style japonais préférera l’envelopper de manière cylindrique, créant une ambiguïté dans la définition de la féminité. La mode enfantine s’en inspire énormément mais compose avec la candeur et la naïveté propres aux enfants.
Avec son drapé si distinctif, le kimono, costume traditionnel japonais, domine encore aujourd’hui la mode nippone. Sa ligne asymétrique, caractéristique commune avec la mode des années 1920, est réutilisée par exemple dans la création de barboteuses et grenouillères, de robes et de petites vestes légères.
On retrouvera facilement des vêtements amples, alliés à des matières confortables, telles que la double-gaze, pour y être à l’aise et se mouvoir facilement. Les tissus, colorés et aux motifs kawaii, prennent une grande importance et sont la clé pour se démarquer et contre-carrer l’uniforme obligatoire porté dès l’école maternelle.
Les salopettes Tokyo et Kyoto sont directement inspirées par ces différents aspects. La partie basse, conçue comme un sarouel, permet aux petits de bouger sans contrainte. De plus, la ligne asymétrique, présente sur les deux modèles, vient structurer l’ensemble tout en lui apportant une touche nippone. La ligne presque droite du modèle Tokyo, ville active qui ne dort jamais et où tout est possible, convient parfaitement aux petits garçons. Le modèle Kyoto, dont le nom provient de la ville éponyme pleine de féminité et d’élégance, sera idéale pour les petites filles grâce à sa ligne plus haute qui rappelle le drapé du kimono des Japonaises.
Les années 1920
Une silhouette tubulaire, une taille basse, voire presqu’inexistante, des plis et de superbes encolures, c’est ce qui fait le charme de la mode féminine des années 1920, dont la mode enfant suit allègrement les codes. C’est surtout grâce à Paul Poiret et Madeleine Vionnet que nous devons ce renouveau, inspiré par les lignes sobres et le drapé des kimonos (encore…). Afin d’être plus à l’aise, les robes des petites filles sont souvent composées d’un buste long s’évasant à partir des hanches en une jupette parfois plissée. A cette époque, on recherche le confort et les enfants gagnent peu à peu leur liberté de mouvements.
C’est aussi la période où l’on cesse d’habiller les petits garçons avec des robes. Enfin! Ils ont droit eux aussi à leurs propres vêtements avec notamment la culotte bouffante. Cependant, c’est surtout le costume marin qui fera fureur. Pantalon court, blouse à col marin ornée de poches et de boutons, il
se décline aussi chez les petites filles agrémenté d’une jupette plissée. Soit dit en passant, l’uniforme des écoliers japonais a été confectionné en prenant modèle sur les uniformes marins européens…
De cette période, j’ai surtout retenu la ligne droite, les manches tombantes et les ourlets s’arrêtant à mi-cuisse. Une fausse simplicité qui cache une élégance indéniable.
La robe Olivia, créée en 2018, illustre cette période que j’affectionne tant. Disponible en un et deux ans, la robe Olivia reprend les codes des années 1920 : un plastron en V rappelant le style Art déco, des manches à-mêmes avec revers, une longueur de vêtement courte et une ligne de buste plutôt droite.
Outre le passepoil pour relever la silhouette, deux boutons, originaux de la période des années 1920, viennent fermer la robe Olivia. Confortable et pleine de délicatesse, cette robe représente les deux aspects de la vie d’une enfant : la petit fille modèle et élégante, et la petite fille espiègle qui aime jouer avec ses amis.